Newsletter Groupe Rythmologie – Stimulation cardiaque de la SFC
TEMPO-HCM : Apport de l’enregistrement ECG continu de 30 jours chez les patients atteints de CMH. D’après la présentation du Dr Juan Caro-Codon (Madrid, Espagne)
Auteur : Olivier PIOT – Saint Denis
La réalisation d’un Holter ECG de 24 à 48 heures est recommandée pour détecter la fibrillation auriculaire et la tachycardie ventriculaire non soutenue (TVNS) chez les patients atteints de CMH. Le traitement anticoagulant est recommandé indépendamment du score de risque CHA2DS2-VASc chez tous les patients atteints de CMH avec diagnostic de FA compte tenu du risque particulièrement élevé d’accident vasculaire cérébral. La présence d’une TVNS est un des facteurs de risque inclus dans le score de prédiction de risque de mort subite.
TEMPO-HCM est une étude observationnelle prospective réalisée dans cinq centres espagnols qui a inclus des patients consécutifs atteints de CMH selon les critères ESC (résultats présentés pour les 100 premiers patients d’âge moyen 57 ans, femme 22%, antécédent de FA 16 %). Tous les patients ont eu un enregistrement ECG continu de 30 jours avec un appareil dédié de type biotextile (Nuubo ECG vest) avec analyse ECG centralisée. Le critère principal était la détection d’arythmies cliniquement pertinentes (fibrillation auriculaire/flutter auriculaire et TVNS) au cours des premières 24 heures de surveillance par rapport à la période complète de 30 jours. La surveillance ECG prolongée a permis de détecter une incidence plus élevée d’arythmies cliniquement pertinentes que la surveillance de 24 heures : 65 % contre 11 % (p<0,001). La FA a été détectée chez 10 % des patients au cours des 30 jours contre 6 % au cours des 24 premières heures (p=NS). La majorité des patients ont présenté une TVNS, qui a été détectée chez 62 % des patients au cours des 30 jours, contre 8 % au cours des 24 premières heures. Chez les patients ayant développé une TVNS au cours des premières 24 heures, les tachycardies sur l’ensemble de la période de surveillance étaient plus rapides (174 vs. 152 battements par minute ; p=0,001), plus longues (14 vs. 8 battements ; p=0,029) et plus fréquentes (11 vs. 2 épisodes ; p<0,001) que chez les patients avec TVNS détectées qu’après les 24 premières heures. Le risque médian estimé à cinq ans de mort cardiaque subite selon le calculateur HCM Risk-SCD était de 1,74 % en utilisant les données des premières 24 heures contre 2,92 % en utilisant les données de surveillance prolongée (p<0,001). La surveillance prolongée suggérait de reclasser plus d’un patient sur cinq (22,2 %) dans une catégorie de risque plus élevée, ce qui s’est traduit par 13 (14,4 %) patients supplémentaires pour lesquels un DAI peut être envisagé et 7 (7,8 %) patients supplémentaires pour lesquels un DAI devrait être envisagé. Cette analyse est purement exploratoire car il est important de rappeler que le lien entre TVNS et risque de mort subite repose sur des enregistrements de 24-48 heures.
En pratique des données intéressantes suggérant un intérêt à un dépistage plus prolongé des arythmies chez les patients atteints de CMH qui reste à confirmer.