Newsletter Groupe Rythmologie – Stimulation de la branche gauche ou biventriculaire par le sinus coronaire comme stratégie initiale pour la resynchronisation cardiaque - Analyses du groupe collaboratif SYNCHRONY
Stimulation de la branche gauche ou biventriculaire par le sinus coronaire comme stratégie initiale pour la resynchronisation cardiaque - Analyses du groupe collaboratif SYNCHRONY
Rapporté par Laurent Fauchier Tours
La stimulation de la branche gauche du faisceau de His (left bundle branch area pacing, LBBAP (LBBAP) est donc une alternative à la stimulation biventriculaire standard (BiV) pour la resynchronisation cardiaque (CRT). Cependant, les études sur la stimulation LBBAP en tant que stratégie initiale de CRT sont encore limitées.
Cette étude prospective multicentrique a inclus des patients avec cardiomyopathie ischémique ou non ischémique recevant une première implantation de système CRT avec stimulation LBBAP ou BiV entre janvier 2020 et août 2022. La répartition des patients a été faite sur la base des préférences du patient et du médecin après une discussion « éclairée » sur chaque stratégie d’implantation. Le principal critère d’évaluation de l’efficacité était l’ensemble des hospitalisations liées à l’insuffisance cardiaque (IC) et la mortalité toutes causes confondues. Le principal critère d’évaluation de sécurité était la survenue de complications aiguës et à long terme liées à la procédure. Les résultats secondaires comprenaient l’amélioration de la classe fonctionnelle de la New York Heart Association (NYHA) et les paramètres électrocardiographiques et échocardiographiques.
Au total, 371 patients ont été inclus (suivi médian de 340 [IQR : 273] jours). Le critère primaire a été moins fréquent avec stimulation LBBAP, observé chez 31 des 128 sujets avec stimulation LBBAP (24,2 %) et 103 des 243 sujets avec stimulation BiVp (42,4 %) (HR 0,621 ; 95 % CI 0,415, 0,93 ; p=0,02). Ceci était du à un moindre risque pour les hospitalisations liées à l’IC (22,6 % contre 39,5 % ; HR 0,607 ; 95 % CI 0,397, 0,927 ; p=0,02) sans différence significative pour la mortalité toutes causes confondues (5,5 % contre 11,9 % ; p=0,19). Les complications graves liées à la procédure étaient peu fréquentes, sans différence dans les complications à long terme liées à la procédure (LBBAP : 9,4% vs. BiVp : 15,2% ; p=0,146). Les sujets traités par stimulation LBBAP ont eu des temps de procédure plus courts (95 [IQR 55] vs. 129 [IQR 58] minutes, p<0.001) ainsi que des temps de fluoroscopie plus courts (12 [IQR 13.7] vs. 21.7 [IQR 15.7] minutes, p <0.001). Les patients avec stimulation LBBAP avaient une durée de QRS stimulé plus courte (123,7±18 ms vs. 149,3±29,1 ms ; p<0,001), avaient plus fréquemment une amélioration d’au moins une classe NYHA (80,4% vs. 67,9 ; p <0,001), et avaient des améliorations plus nettes de la FEVG (8,04±9,9% vs. 3,9±7,9% ; p<0,01) au cours du suivi que les patients avec stimulation BiV (Figure).
Ces résultats suggèrent que la LBBAP pourrait être utilisée comme stratégie d’implantation initiale pour réaliser la CRT dans le traitement de l’IC et pourrait avoir un impact favorable sur les résultats cliniques à long terme. Les améliorations de la technique d’implantation de la LBBAP devraient aussi contribuer à améliorer les résultats à venir. Refrain connu, les auteurs indiquent que des essais randomisés sont nécessaires pour évaluer les résultats cliniques de la LBBAP par rapport à d’autres stratégies de stimulation, en particulier le standard de soins actuel par stimulation BiV.