Faut-il vraiment réaliser l’ablation du nœud atrioventriculaire après resynchronisation cardiaque chez les patients en fibrillation atriale permanente ?
Cardiac resynchronization therapy and AV node ablation in heart failure with reduced éjection fraction and atrial fibrillation (The CAAN-AF Trial)
Présentée par Prashantan Sanders, The University of Adelaide
Messages clés
- CAAN AF a été arrêté pour futilité.
- Cette étude n’a pas réussi à démontrer que l’ablation du nœud atrioventriculaire après resynchronisation cardiaque était supérieure contrôle de la fréquence cardiaque par traitement médicamenteux chez les patients en fibrillation atriale permanente.
Introduction
Il est recommandé de réaliser l’ablation du nœud atrioventriculaire après implantation d’une resynchronisation cardiaque chez les patients ayant une fibrillation atriale permanente. Cependant ces recommandations sont basées sur des études observationnelles.
L’objectif de l’étude CAAN-AF était d’évaluer la supériorité de l’ablation du nœud atrio ventriculaire vs. le contrôle de la fréquence cardiaque par traitement médicamenteux chez les patients ayant une fibrillation atriale et implantés d’une resynchronisation cardiaque.
Méthodologie et résultats
- Population
Les critères d’inclusion étaient les patients ayant une fibrillation atriale permanente avec une FEVG ≤35%, une durée du QRS ≥120 ms et un traitement médicamenteux de l’insuffisance cardiaque optimisé - Design
Essai contrôlé randomisé comparant chez des patients implantés d’une resynchronisation cardiaque l’ablation du nœud atrio ventriculaire vs. le contrôle de la fréquence cardiaque par traitement médicamenteux. Il était initialement prévu d’inclure 295 patients dans chaque bras. - Critères de jugement
Le critère de jugement principal était l’association de la mortalité totale et les décompensations cardiaques. - Résultat principal
L’étude a été arrêtée lors de la première analyse intermédiaire (25% du recrutement effectué) pour futilité.
143 patients ont été randomisés (67 dans le groupe ablation du nœud atrioventriculaire et 76 dans le groupe contrôle de la fréquence cardiaque par traitement médicamenteux). Les 2 groupes étaient comparables en termes de caractéristiques à l’inclusion (âge 71 ans, 48% de cardiopathie ischémique, FEVG 28%).
Le critère de jugement principal est survenu pour 47 patients dans le groupe ablation du nœud atrioventriculaire contre 46 dans le groupe contrôle de la fréquence cardiaque par traitement médicamenteux soit un incidence rate ratio de 1.16 (IC 95% 0.60-2.24).
Les critères de jugements secondaires tels que la mortalité cardiovasculaire, les arythmies ventriculaires, le test de marche de 6 min ou le score de qualité de vie n’étaient pas différents entre les 2 groupes.
Il faut noter que le pourcentage de stimulation biventriculaire était de 98% dans le groupe ablation du nœud atrioventriculaire et 89% dans le groupe contrôle de la fréquence cardiaque par traitement médicamenteux.
Conclusion
L’essai CAAN-AF visait à démontrer la supériorité de l’ablation du nœud atrioventriculaire au contrôle de la fréquence cardiaque par traitement médicamenteux chez des patients venant de bénéficier d’une resynchronisation cardiaque ayant une fibrillation atriale permanente. Aucun bénéfice retrouvé.
Cet essai a été arrêté pour futilité à la première analyse intermédiaire.
Auteur : Pr Rodrigue GARCIA, CHU Poitiers
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