Newsletter Groupe Rythmologie – Stimulation cardiaque de la SFC
Télésuivi des prothèses rythmiques : pas du tout un fleuve tranquille !
Auteur : Olivier Piot – CCN Paris
Le programme ETAPES devrait arriver à sa fin avec un cadre qui a semblé faire consensus et un montant de rémunération permettant de réaliser cette activité de façon adaptée, bien que la structuration des équipes soit encore très hétérogène. Toute la communauté rythmologique restait en attente du montant définitif de cette prestation dont l’annonce a été plusieurs fois reportée pour définir les possibilités de réaliser cette activité à l’avenir. Découverte par une veille régulière, la publication récente au JO d’un avis de projet sur le télésuivi dans les différentes spécialités, notamment celui des prothèses rythmiques, avec des modifications substantielles sans concertation connue avec des médecins de la spécialité a fait l’effet d’une douche froide (Avis de projet portant inscription d’activités de télésurveillance médicale sur la liste prévue à l’article L. 162- 52 du code de la sécurité sociale JORF n°0021 du 25 janvier 2023 : plus d’informations en cliquant ici).
Dans cet avis de projet, le premier point est le report de la gestion des non-transmissions sur l’équipe médicale et paramédicale de télésuivi. Le texte n’est pas conforme au référentiel HAS qui fait porter cette tâche technique aux industriels.
Le deuxième point problématique du texte est en rapport avec une obligation légale dans la gestion des alertes : concernant « la gestion des alertes relatives à la non-transmission des données, l’opérateur (c’est le médecin ou l’équipe de télésuivi) prend contact avec le patient pour connaître la cause de la non- transmission dans un délai maximal de 48 heures ouvrables après émission de l’alerte », avec un risque significatif d’implication médico-légale.
Troisième point, le médecin réalisant le télésuivi doit « informer le patient de ses absences programmées (congé, formation, déplacement, empêchement…) ».
Quatrième point, la vérification de l’activité mensuelle est demandée : « en l’absence, durant une période d’un mois (période facturable), d’une utilisation effective suffisante du dispositif médical numérique de télésurveillance, soit une remontée de données inférieure à 50 % des données normalement nécessaire à la bonne réalisation de la télésurveillance. Dans ce cas, la télésurveillance doit être interrompue à l’issue de cette période d’un mois. ». L’aspect éthique de cette interruption de service après un mois d’utilisation insuffisante pose question. Par ailleurs, on lit à demi-mot une arrière-pensée sur une facturation mensuelle qui serait une charge administrative supplémentaire insupportable.
Sans remarque dans les 20 jours après publication, cet avant-projet était censé être accepté. Le Groupe de Rythmologie et Stimulation cardiaque et la SFC au sein du CNPCV se sont saisis de ce texte et ont envoyé un courrier officiel indiquant les points inacceptables, notamment l’accroissement de la charge administrative, le risque médico-légal qui pourraient, si ce texte était transposé en l’état dans le décret final, mettre en péril cette activité en France. Sans compter que le montant de la prestation pour le versant médical fixé à 130€ par an dans le programme ETAPES en deux facturations semestrielles de 65€ n’est toujours pas précisé.
Alors que les politiques semblent conscients de l’importance de la télémédecine et de la limitation de la charge administrative des médecins, ce dernier texte semble aller complètement à contresens et ajoute des obligations irréalistes contraignant les médecins à des tâches techniques et administratives qui ne peuvent être de leur ressort et un risque médico-légal potentiel qui ne peut être ignoré.